" Tu ne connais pas les contes de Beedle le Barde ?! " Ses joues venaient de s'enflammer. Combien de fois allait-elle devoir le lui répéter ? Non, non et non, elle ne connaissait pas ces fichus contes ! Maddison avait visiblement de la difficulté à comprendre qu'un sorcier, toutes origines confondues, puisse ignorer jusqu'à l'existence de ces histoires pour enfants. Certes, Olivia en avait déjà très vaguement entendu parler, mais jamais elle ne s'y était intéressé de plus près, l'école lui conseillant des lectures toutes autres afin de réaliser ses travaux et ainsi mieux réussir ses cours.
Pourtant, ce n'est pas pour cette raison qu'Olivia se trouva à la bibliothèque de l'école en ce mardi avant-midi. À la recherche du témoignage d'un homme luttant contre la lycanthropie (Museau velu, coeur humain), elle tomba à la place sur le conte Le Sorcier au coeur velu de Beedle le Barde. En temps normal, elle aurait été se plaindre auprès de Madame Pince, le livre n'étant visiblement pas à sa place, mais Olivia décida d'empreunter le conte et d'en faire la lecture tout en marchant dans les couloirs. À peine était-elle arrivée au troisième étage qu'elle en terminait déjà la toute dernière page. La préfète-en-chef remercia l'absence de témoins et continua sa route en conservant le livre tout près de son coeur, le titre bien caché sous son bras.
Les romans et réçits d'aventures ne l'avaient jamais vraiment intéressés et elle ne se souvenait plus vraiment du derniers livre de ce genre sur lequel elle s'était arrêté. Olivia avait toujours pris plus de plaisir à lire les commentaires des auteurs ou spécialistes plutôt que les histoires elles-mêmes. S'attacher à des personnages auxquels un écrivain dérangé s'est amusé à faire subir des horreurs lui apparait comme une horrible façon de s'auto-torturer. Pour cette même raison, ses lectures s'en tenaient le plus souvent à de la documentation. Elaheh était bien heureuse lorsqu'elle parvenait à la convaincre de s'attaquer à l'une de ses merveilles littéraires, mais cela n'arrivait pas si souvent. Richester étant assez difficile à faire changer d'idée.
" Il faut sérieusement avoir plusieurs cases en moins pour lire ce genre d'histoires à un enfant. " Elle disait cela, mais au fond, elle avait adoré... et c'était bien là la raison de son dégoût.
Olivia passa devant la salle des armure avant de s'arrêter prendre l'air à l'une des fenêtres du couloir. La vue n'était pas magnifique, donnant directement sur une autre façade du chateau, mais perdue dans ses pensées, le paysage était bien loin de faire parti de ses préoccupations.
La sorcière se demandait dans quel état pouvait bien se trouver la salle des trophées depuis l'incendie. Elle avait vaguement entendu parler de réparations, mais n'était pas retourné sur les lieux évaluer les dommages. Elle n'y était tout simplement jamais retourné.
Plusieurs choses avaient dû être irrécupérables, que ce soit des photographies, des articles de journaux ou même des prix. Tous ces souvenirs allaient être à jamais disparus... et tout cela parce qu'elle avait été incapable de jeter un simple aguamenti.
Appuyée sur le bord de la fenêtre, le visage entre les mains, Olivia commença à faire ce qu'elle faisait de mieux : culpabiliser. Elle n'avait pas su protéger toutes ces choses, elle n'avait pas su défendre son école et tout cela faute de savoir se défendre elle-même.
Prenant une grande inspiration, la préfète-en-chef se redressa et fit demi tour en direction de la source de toutes ces réflexions. Quiconque tombait de cheval se devait de remonter en selle et c'est ce qu'elle allait faire. Maintenant. Là, là, tout de suite. Dans deux heures... La capitaine de l'équipe de Quidditch de Poufsouffle resta plantée au beau milieu du couloir un long moment avant de prendre son courage à deux mains et d'avancer en direction de la salle des armures. La foudre ne frappait pas deux fois au même endroit, le pyroman ne devait pas avoir dans l'idée de brûler deux fois la même pièce ou la même personne. C'était logique, ça faisait du sens, elle n'avait qu'à ne plus y penser.
D'un pas rapide, l'élève de septième année traversa la salle des armures sans même jeter un seul coup d'oeil ni à sa droite, ni à sa gauche. Se rendre du point A au point B, il n'y avait que ça à faire. Les statues comprendraient. Elle ne pouvait pas toujours s'arrêter en chemin pour s'intérroger à savoir si la magie les animait d'une quelconque façon. Il sembla à la préfète que la pièce s'allongeait tandis qu'elle avançait, mais cela ne l'arrêta pas pour autant, Olivia ne fit qu'accélérer le pas. Une fois à l'intérieur, elle pourrait voir ce qu'il en était et repartir tout aussi rapidement qu'elle y était entré. Il suffisait simplement de passer le cadre de la porte.
Un pied à l'intérieur de la pièce, puis deux, les bras de la poursuiveuse s'élevèrent dans les airs, victorieux. Ils eurent tôt fait de retourner à leur emplacement initial lorsque son regard croisa l'Arctique. Un sourire nerveux, un tata de la main vite transformé en vite-faisons-tornoyer-une-mèche-de-cheveux-pour-éviter-de passer-pour-la-dernière-des-imbéciles. Que pouvait bien bien faire la mystérieuse élève de Serpentard en ces lieux ? Admirer les trophées, ce qu'il en restait ? Les joues de l'élève de Poufsouffle se teintèrent de rouge. C'est qu'Irina Collins l'avait toujours beaucoup intimidé... et pourtant, elle ne se souvenait pas d'avoir quoi que ce soit de personnel à lui reprocher. Elles assistaient aux mêmes cours, mais ne s'étaient jamais vraiment adressé la parole. Ou plutôt, la préfète avait tenté de démarrer un semblant de conversation et s'était heurter au vide infini qu'était le silence de Collins. Rien. À côté de la jeune sorcière, elle n'était absolument rien. Du moins, c'était ce qu'elle ressentait lorsqu'il lui arrivait de se trouver près d'elle ou ne serait-ce que dans son champ de vision.
Impossible de faire demi tour maintenant. Il était hors de question qu'Olivia la laisse prendre le dessus sur elle sans même qu'elle n'ait à bouger le p'tit doigt. Alors elle fit mine d'observer ce qui se trouvait autour tout en s'inquiétant à l'idée que la porte ne se referme derrière elle. Venir ici, quelle idée stupide. Elle aurait dû s'en tenir à ce qu'elle avait prévu à son horaire ce matin, soit pas dutout ce qu'elle était en train de faire en ce moment.
Le livre toujours dans les bras, appuyé tout contre son uniforme, Olivia commença à faire la deuxième chose qu'elle faisait de mieux en ce bas monde : angoiser. On pouvait bien voir que la préfète était agitée... quelque part dans sa tête. À caresser nerveusement la couverture du seul objet qu'elle tenait sur elle à l'exception de sa baguette, ses lèvres se mirent elle aussi à témoigner de son malaise. Parler. Pour dire tout et n'importe quoi, surtout n'importe quoi. Bla bla bla, bla bla... " On dit que les criminels reviennent toujours sur les lieux du crime... " Bla, bla bla, bla bla... Insinuait-elle qu'Irina était la coupable ? Peut-être, peut-être pas, mais des mots continuère à s'échapper de sa bouche et si l'on pouvait croire qu'elle accusait Irina d'avoir possiblement mis le feu à l'école, il était tout aussi possible qu'elle l'accuse de vouloir lui mettre le feu en cet instant précis.
Sujet: La comète et le trou noir. 
Mer 30 Juil - 0:13
